Cracovie. Jen conservais le souvenir dune belle endormie. Tristoune, endormie mais charmante. Beauté envolée, volée, oubliée.
Cétait il y a une quinzaine d'années. A lépoque on descendait des sommets des Tatras pour passer une journée dans cette ville avant de revenir en Bretagne. Cette ville, encore grise, aux touristes si peu nombreux, annonçait ainsi aussi la fin des vacances.
Javais en mémoire l'immense place du marché noyée sous le soleil ; déserte.
Quelques vendeurs de décorations militaires soviétiques, jeux déchecs et bouteilles de vodka attendant les rares touristes, égarés. L'image de ces petites boutiques de fringues aussi, qui dégoulinaient jusqu'a dans les ruelles leurs contrefaçons.
On payait en milliers de zloty tellement linflation était féroce.
Cracovie et sa campagne m'avaient fait leffet dune région grise, dure ; un royaume de la mélancolie, aux façades grises se mélangeait une atmosphère urbaine rare. De celle que lon peut trouver dans des villes qui ont conscience que leur grandeur est passée ; quand le meilleur est derrière elles
Et puis, depuis mon arrivée ici, tout le monde me parle de Kraków.
Son charme, son dynamisme, ses palais, ses musées, sa vie nocturne, ses étudiants. Varsovie travaille tandis que la capitale culturelle prend le temps de bien vivre
Appréhension.
Pour tout dire javais presque peur de débarquer dans une Cracovie transformée en Disneyland, vieux centre transformé en village-club pour touristes de passagele temps d'un miniscule WE. Javais peur du faux, de lartificiel, du reconstruit, du trop propre.
Javais quelques craintes aussi de ne pas trouver Kraków à la hauteur du firmament ou la place les polonais
et puis rien de tout ça. Javais tort.
A peine arrivé jétais déjà conquis : cette ville est magnifique, douce, agréable, fraîche, vivante, délicate.
Grande.